somewhere-over-the-rainbow

Skies are blue...

Dimanche 14 mars 2010 à 21:10

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Pourquoi est ce que j'ai toujours l'impression de trop parler, puis une fois séparées, l'impression de n'avoir pas dit tout ce que je voulais lui confier ?
Pourquoi est-ce que je déballe ma vie, des détails insignifiants, l'encombre d'un tas de futilités, sans m'arrêter, et que ces choses, celles que je me répète chaque jour dans ma tête, en silence, jusqu'à lui dire en face le jour où je la verrai, pourquoi ces mots là restent coincés dans ma gorge ?
J'ai toujours l'impression de la regarder partir en ayant omis de lui dire tant de choses...

Ce soir j'ai eu mal. Une claque. Une lame dans le coeur. Non, on me l'a arraché, ça devait être ça, tellement j'ai eu mal. On me l'a vulgairement recollé avec de vieux morceaux de gros scotch. Ca tient pas très bien, mais ça devrait faire l'affaire...
Je crois que je ne supporte plus tellement de la voir partir. De voir ce train s'éloigner emportant mon Espoir et et mes Espérances. Ma Vie. Mes Sourires, ces mon Bonheur. En attendant son retour, il me reste quelques échantillons. Mais ils s'useront vite. J'ai trop besoin d'elle.

Sans Elle, je m'efface doucement.





"Quoi ? Tu m'en veux ?"

"Oui."

"Pourquoi ?"

"Parce que la dernière image de toi que j'ai emporté avec moi, c'est ce visage froid, glacial que tu avais. Pas un sourire, pas une expression. Rien. Ton regard fuyait le mien, ou ne me voyait pas, plus, ne me voyait plus, j'en sais rien. La seule chose que j'ai pu sentir, discerner, derrière ce masque neutre, c'est une tristesse insoutenable ! Pourquoi tu ne m'as pas donné un dernier sourire ? Un que j'aurais pu agrafer, accrocher à mon coeur, à ces pensées salvatrices dans lesquelles je me plonge parfois, souvent, jusqu'à la prochaine fois...? Pourquoi tu ne m'as pas lancé un dernier regard étincellant de joie, de bonheur, d'amour ? D'affection. De courage... J'aurais pu le ratrapper et le lover dans le fond de mon âme..."

"..."

"Parle moi, réponds moi... je t'en pris..."

"J'étais trop occupée..."

"Occupée ? Occupée à quoi ?"

"A me concentrer."

"Te concentrer pour quoi ? Pour être insensible ?"

"Non. C'était bien plus difficile que tu ne le crois.
Je sentais mon visage se décomposer, mes yeux piquer, très fort. Les petites veines éclater. J'avais la gorge serrée, j'étais en train de me noyer dans les larmes que prenais tant de mal à retenir. J'entrouvrais la bouche pour happer quelques bouffer d'air, d'oxygène afin de ne pas suffoquer, de ne pas agoniser devant toi. Je pensais que tu ne voudrais pas voir ça. Tu aurais pitié de moi, de cette état pathétique que je tentais de cacher. Tout tremblait en moi, mes organes, et mes pensées, elles vacillaient. Un sourire, aussi minime aurait il pu être, aurait libérer un tsunami que mes cils n'auraient jamais pu retenir.
Ce regard, celui dont tu parles, il était là. Au fond de mes yeux. Tout au fond. Derrière ce flou de tristesse de te voir partir, une fois encore. Il était là. Empli d'amour et d'espoir, de tendresse et de folies.
Je t'ai serrée contre moi comme si j'espérais que tu finisse tatouée à mon corps et que tu ne pourrais plus t'enfuir. J'ai serré ton manteau dans ma main, presque à te le déchirer. Je ne voulais pas le lâcher, mais je l'ai senti glisser entre mes doigts.
J'étais occupée à faire taire cette folie qui ma criait de monter dans ce train avec toi. Un jour je tuerai ma raison. La saveur de la vie n'est que pour les fous..
Mais dans tous les cas, ce regards dont tu me reproche l'absence, ce regard était bien présent, derrière une humdité abondante.

Et tu sais quoi ? Non tu ne peux pas savoir, tu étais déjà assise à ta place, le regard perdu dans le paysage qui commençait doucement à défiler derrière a vitre...
Je te l'ai offert, ce dernière sourire. Parce qu'une pensée consolante m'a traversé l'esprit.. : Tu reviendrais très bientôt, en même temps que le soleil de début de printemps. Et comme lui, tu ferais sécher cette barricade trempée de ce manque de toi, qui m'assaille déjà à chaque seconde."



Et le soleil se couche lentement derrière cette ligne d'horizon où tu te trouves aussi. Je lui souris. Il se couche sous ton oreiller pour te tenir chaud, et venir briller dans tes songes les plus secrets. Il m'a promis de veiller sur toi, en mon absence.

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Timidement, mais surement, Moi.

Samedi 27 février 2010 à 18:03

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Je me sens obligée d'écrire là dessus parce que cette "semaine", 4 jours en réalité, ces 4 jours, ils m'ont fait comprendre certaines choses, découvrir d'autres, et m'engager dans d'autres encore. Alors il est important pour moi d'écrire ce qui m'émeut, ce qui me touche, le coeur, l'âme, cette sensibilité qui m'enveloppe, ces souvenirs que j'ai ramené, que j'ai embarqué, accrochés à mon sourire, pendant que je repartais vers ma vie à moi.
Je ne vous demande pas d'apprécier ce que j'écris. Si ça ne vous plait pas, ne lisez pas. Il n'y a rien de pire que de ne pas aimer un ordre de mots.
Je pose simplement mes pensées comme je pourrai poser un petit bout de Vie qui m'aura été chère, et dans lequel mon esprit s'égarera lorsqu'il se sentira tomber. Il faudra bien une chose à laquelle penser pour se relever et se dire que, oui, a Vie est Belle. Ainsi, j'attendrai de rencontrer à nouveaus des moments comme celui ci, et piquer des souvenirs de ce délice là.

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Ca commence comme ça. Une intrusion. Un sourire trempé dans la folie, "cachez moi, j'ai pas le droit d'être ici".
En marchant dans ce couloir j'entrais un peu plus à chaque pas dans leurs mondes, leurs univers. Derrière chaque porte, une chambre, une maison, un monde, une Vie. Pour la plupart, cet Internat tombe en ruine, sa pourriture les agace, et bien plus même, et leur voeux serait de sortir de là.
Moi, je viens de l'extérieur. De la Vie normale, où l'on vit chaque journée, chaque soirée avec les membres de sa famille.
Ces jeunes ne se rendent pas compte de cette chance inouie qu'ils ont. Et c'est à l'intérieur de leur minuscule chambre que sont entassés leurs plus beaux souvenirs, peut être.

J'ai été au coeur même de leur Vie, de leur quotidien pendant quelques jours. J'ai pénétré dans leur Monde. Les murs sont tellement fins qu'ils ne sont jamais vraiment seuls. Mais leur porte fermée à clé, assis à leur bureau ou sur leur lit, ils ont la possibilité de s'enrober dans un silence individuel, une solitude. Ils sont coupés du Monde, et en même temps en plein dans une Vie mémorable.
Il y a entre eux quelque chose d'extraordinaire, un lien, une force, une unité. A vivre ensemble, ils apprennent à se connaitres, à respecter leurs différences, cultiver leurs ressemblances. Ils sont tantôt une oreille, des mots, un réconfort, tantôt une larme, une tristesse, une pudeur dévoilée, un secret partagé.

Ces vies qui ont croisés mon chemin, certaines d'entre elles en tout cas, je ne les oublierai pas. Elles resteront parallèles à la mienne, et parfois, se croiseront, peut être pour se rassurer et se dire qu'on est pas seul, peut-être pour ne pas être seul, pour se souvenir, car il est bon de plonger dans les souvenirs parfois, ça aide à avancer. Et pour partager aussi. Le bonheur n'est réel que lorsqu'il est partagé...

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J'ai fait un Pacte, aussi. Le plus beau de toute mon existence. "Si je me bats pour ma Vie, alors tu prends soin de la Tienne".
J'ai toujours eu du mal avec ce genre de comportements. Ils veulent se foutre en l'air, tuer leurs rêves, abandonner leurs Vie alors que d'autres, moi y compris, on cours après. Alors que moi, je donnerai tout pour avoir ne serai-ce qu'une fibre de ce sentiments d'immortalité, de cette impression de certitude d'arriver là où je voudrais arriver. Ce la m'arrive parfois, je crois. Ces instants où j'oublie même comment je m'appelle tant je suis heureuse, où rien n'a d'importance, si ce n'est de profiter du moment présent. Mais au milieu de ce tableau de bonheur, une tâche noire apparait, s'agrandit, et me rappelle que ma Vie ne sera peut-être jamais comme je l'imagine. Pas par faute de moyen. Juste par manque de temps.
J'avais alors une haine et une incompréhension immense face à Eux. Mais je ne sais pas, j'ai eu un déclic. Et il m'est apparu que la détresse pouvait être plus grande que la raison et l'engloutir en un instant, noircir les pensées heureuses d'un pessimisme rare, caresser d'une solitude irritante et insupportable, et gommer toute trace d'espoir. Je l'ai peut-être apperçu dans son regard à Elle, senti dans ses Mots.
Ma sensibilité développée, je comprends. Surement pas tout, surement pas grand chose. Mais l'essentiel.
Et je pense que c'est à Nous autres, Nous qui avons encore cette petite Lumière, Nous qui la voyons toujours briller (même si lui arrive de se cacher derrière une montagne de désespoir, cette étoile réapparait toujours, car en fait, il suffit de l'escalader, cette montagne...), c'est à Nous de la leur prêter, de leur en offrir quelques éclaircis, jusqu'à a naissance d'un nouvelle espoir, jusqu'à l'arrivée un nouveau sourire, d'une nouvelle envie de Vivre. Et je pense sincèrement que cette renaissance est possible. Et nécessaire. Il serait injuste de laisser partir les gens sur une mauvaise image de la vie, de ses surprises. Ils n'ont pas encore tout vu.

En ce qui nous concerne, Elle et moi, j'ai décidé d'essayer de lui prêter ma lanterne pour lui éclairer cette face du monde qu'elle ne voit pas, cette beauté et cette simplicité. Je ne l'éteindrai jamais. Je voudrais qu'elle sache que ma tendresse pour Elle est inépuisable, et je serai, si elle en a besoin, une oreille attentive. Et voudrai mes mots, parfois maladroits, réconfortants.
On ne se connait pas très bien. Pas du tout, d'un certain point de vue. Mais je connais son rire et ses regards, j'eus la chance de connaitre également ses bras. Alors je la connais assez pour pouvoir lui Promettre.

"Je m'engage alors, corps et âme, à m'accrocher à ma Vie, me battre pour qu'elle soit la plus longue possible, à apprendre à nager, à voler, à me relever, à avancer, à courir, à sourire même à travers mes larmes, à espérer même écrasée par le désespoir. Je m'engage à aimer la vie avec tout ce qu'elle comporte, si, et seulement si, Toi aussi, de ton côté, tu l'empêche de s'échapper, si toi aussi tu cherches avec ardeur, et lui trouves un sens, si toi aussi tu te bats pour réaliser tes rêves, et aller le plus loin possible, plus loin que tu n'aurais jamais pu l'imaginer. Enfin, seulement si, lorsqu'il t'arrive d'avoir envie de partir, tu penses à tout ce que je donnerais pour pouvoir rester. "Tu as cette chance de pouvoir profiter de ce cadeau. Moi, je ne pourrais peut-être jamais finir de l'ouvrir. Alors je me battrais jusqu'au bout, si toi aussi, tu marches avec moi."

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Une chose, importante, m'est apparue comme évidente. Une évidence qui m'habitait déjà, et qui s'est confirmée lors de ce séjours.
Et cette idée même me rend euphorique. Je l'aime j'en prends soin, elle me donne des ailes et me fait avancer avec ' envie d'aller plus loin. Encore plus loin.

Je veux, chaque matin que m'offrira la vie, me réveiller à ses côtés.
Je veux que mes sens s'éveillent par notre amour.  La sentir contre moi, sa peau contre la mienne, ouvrir les yeux et que sont visage d'ange soit la première image à cette sortie des Rêves. Je veux que ses lèvres contre les miennes soient la première saveur à laquelle je gouterai, dès le matin. Je veux que nos "je t'aime" soit les premiers mots échangés, la première parole du coeur. Je veux que son odeur soit le premier parfum qui embaumera mon esprit.
Je veux m'endormir chaque soir en ayant la certitude de sa présence au matin suivant.
Je veux rentrer de la danse, et savoir que nous serons réunies. Je veux faire vivre Nous, lui faire faire de projets, les réaliser, ne pas avoir peur de la folie et du risque, partir à l'aventure. Mais toujours avec Toi.

"Tu m'es essentielle. Tu es ma lumière, mon étoile. Tu donnes à ma vie tout son sens, à mon coeur toute sa vie, et à mon âme toute sa poésie. Sans toi, je ne suis plus rien."

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Quelques jours suffisent à une véritable leçon de vie, certaines prises de conscience et à renouveler les sourires et l'envie de Vivre. Ce sont tous ces moments qui me tirent vers le haut et m'empêchent de tomber dans le gouffre de la solitude dévastatrice, même si la solitude j'ai besoin d'elle, car sans elle, je ne pourrai pas me rendre compte des bonheurs, de la beauté de la Vie, et encore moins l'écrire.

http://somewhere-over-the-rainbow.cowblog.fr/images/TextureIIbyCallu.jpg Anonymement Moi.

Dimanche 21 février 2010 à 17:50

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Cette foutue nostalgie m'a encore bien eu. Elle a vu que j'étais seule, tranquille, trop tranquille surement, et m'a poignardée dans le dos. Elle s'est penchée à mon oreille et m'a soufflée tous ces souvenirs, toutes ces choses qui m' habitent, qui me font du bien, et parfois qui me font du mal.
Je suis exigeante. Je voudrais absolument revenir en arrière, pour revivre certaines choses, et me noyer à nouveau dans l' idée que ce bien-être ne s'arrêtera jamais. Et comme ce n'est pas possible, je pleure cette incapacité, dans la peur de ne jamais retrouver ces sensations, tout en ayant l'espoir qu' elles reviennent un jour à la charge.
Je pleure le temps qui passe. Non pas parce qu'il passe. Mais parce que je ne le vois pas passer. Parce que j'ai l'impression à des moment très importants d'avoir les yeux fermés.

Depuis toujours, depuis que j'ai commencé à Penser, je Pense et me Questionne. Il y a plusieurs sortes de questions...

Y'a des moments, des odeurs, des lumières, de couleurs, qui me rappellent des choses précises. Je me laisse enivrer de ces instants passés, de leur saveur délectables. Et des points d'interrogations s'empressent aussitôt de venir me rejoindre dans cette rêverie.
"Est-ce que ça reviendra ?" "Est ce qu'elle s'en souviendra, comme moi ?"

Y'a des moments importants, des décisions à prendre. Sans se tromper, si possible...
"Est-ce que c'est la bonne décision ? "Est-ce que c'est ce que je veux ?" "Qu'est ce que je regretterai si je fais ça ?" "Ca vaut vraiment le coup ?" "Et si j'me trompe ?...je fais quoi ?"

Je crois que je me pose trop de questions. Et que je ne trouve pas assez de réponses. Parfois y'en a pas je crois. C'est possible qu'il n'y en ai pas... ?

Y'en a toujours des réponses, en fait. Elles sont là, juste là, il suffit de les voir. Elles impliquent des sacrifices parfois, mais si on ne sacrifie rien, on ira jamais nul part. Faut savoir quitter la route et s'aventurer un peu pour trouver un autre chemin, Son chemin. Et si c'est pas le bon, faut pas attendre qu'il soit trop tard pour en changer. Mais de toute façon, "trop tard", c'est dans très longtemps.

Mais surtout, n'aies pas peur de la Folie. Elle se trouve souvent sur le bon Chemin. "La saveur de la vie n'est que pour les Fous..."



"Pourquoi tu pleures ?"

"Parce que..."

"Parce que quoi ?"

"Parce que tu poses trop de questions."

"Oh... Mais toi, tu t'en poses jamais des questions ?"

"Si. Tout le temps."

"Et ça te fait pleurer ?"

"Oui, parfois."

"Pourquoi ça te fait pleurer ?"

"Parce que je trouve pas de réponses."

"Tu devrais arrêter de pleurer, et arrêter d't'e foutre la pression comme ça et de chercher trop loin."

"..."

"Des réponses, tu m'en donnes depuis tout à l'heure."


Jeudi 4 février 2010 à 13:14

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C'est drôle, j'ai toujours pensé que ce que j'écrivais passerait mieux sous un autre nom que le mien. Que ça serait plus beau, plus joli. Que ça ferait moins niais, aussi.
Et en me disant que ce n'est pas de moi, j'arrive presque à apprécier.
Petit problème d'identité ? Ou peut-être que je n'assume pas la sensibilité qu'il y a en moi.
Mais peut importe que j'écrive sous mon nom ou celui d'un ou d'une autre. J'écris. C'est ce qui compte.

On m'a dit...non, Elle m'a dit que c'était joli. Et je me suis dit "Pourquoi pas...?".



"Ce jour là, nos chemins ce sont croisés,
Nos regards mêlés et nos doigts entrelassés,
J'ai tatoué ton coeur dans mon âme,
Une empreinte indélébile, un miracle dans une vie banale.
Un regard, un sourire de toi
Et je sais pourquoi je suis ici,
Quelques mots, un baiser, pourquoi pas,
Et je sais pourquoi je suis en vie :
Pour ces deux mots faussement anodins
Et qui valent tous les mots du monde,
Pour ces silences qui suivent et sont chacun
Un flot, une bombe d'amour à chaque seconde.
Et le seul verbe à conjuguer,
Lorsque tu me regardes, prends mes mains dans les tiennes,
C'est le verbe Aimer,
Je t'aime Tu m'aimes On s'aime,
"Nous", vivra à travers les temps,
Tandis que notre amour flottera dans un sempiternel présent."

Anonymement Moi.

Lundi 14 décembre 2009 à 12:56

 

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Les lumières s'éteignirent. Les trains dormaient dans un silence de mort, comme lorsqu'un lieu est vide, et qu'il n'y reste plus une once de vie. Pas un chuchotement, pas un mouvement, même ralenti, pour venir perturber cette paix presque dérangeante. La nuit s'était avachie sur cette gare, et laissait dormir tranquillement ce point de croisements de voyageurs, ce lieu synonyme de nouveau départ, parfois, de séparations ou de retrouvailles.  

Une gare, c'est un endroit béni. Lieu de rencontres qui peuvent changer une vie. Parfois, quand on croit être seul, quand la solitude nous saigne, il est bon de mettre les pieds dans une gare, de prendre un train, et on se rend compte qu'on est pas seul, que beaucoup vont dans la même direction, au même endroit. On se sent soulagé, même si les regards partagés le plus souvent ne sont que futilités.

C'est pour ça que j'aime les gares. J'ai toujours eu l'impression de ne pas être si seul que ça.  

J'arrivais de bonne heure, à l'heure où les premiers trains se faufilaient dans la brume matinale et disparaissaient rapidement pour aller réveiller les paysages traversés. Je crois que j'aurais aimé ça, moi, voyager, ouvrir les yeux au petit jour, regarder le monde défiler sous mon regard amorphe, ce monde pas tout à fait réveillé encore, et me demander à quoi rêvaient ces fleurs la nuit, ou les gens, dans cette maison là. 

Je n'ai pas souvent pris le train. Je n'avais tout simplement nul part où aller. Alors je restais dans cette gare, à regarder les gens partir, à les voir arriver, et moi, je restais là, assis à cette table, toujours cette même table, en prenant un café, toujours le même café. J'aurais aimé attendre quelqu'un, parfois. Il est arrivé que je me lève en sursaut, le coeur battant, croyant reconnaître quelqu'un sur le quai ! Mais je n'attendais personne, je ne connaissais personne. Alors je me rasseyais. J'observais les regards échangés, tantôt heureux d'être arrivé dans la capitale, émerveillés par l'architecture de cette gare, enfin au point de départ d'une vie nouvelle, tantôt lourds de tristesse d'avoir quitté les siens, d'avoir quitté son ciel. Je remarquais ces larmes qui déchiraient le coeur, lorsque ceux là se quittaient, ces mains qui se serraient comme pour abattre la distance qui les séparerait dans quelques heures, ces sourires chagrinés mais dégageant l'espoir de faire passer le temps plus vite ou de le tuer tout simplement

J'ai toujours trouvé ça drôle, tous ces gens qui se retrouvent au même endroit, qui se regardent et se sourient, toutes ces vies qui se croisent et ne se recroiseront jamais plus, où celles qui se croisent plusieurs fois mais oublient et ne font pas attention.  

Aujourd'hui, je voudrais me souvenir de chaque visage qui s'est un jour intéressé au mien car grâce à eux, je me serais senti moins seul.

J'aimais être spectateur de la vie, scruter les détails que personnes ne voyaient, imaginer une vie aux gens qui passaient et que mon regard suivait. Mon imagination leur offrait parfois la vie que j'aurais voulu avoir ou simplement la vie qu'ils semblaient avoir, juste ce qu'ils reflétaient. 

Je me suis parfois attaché à certains de ces voyageurs. Ce petit garçon qui s'amusait à donner des coups de pieds aux pigeons, cette vieille dame au dos voûté par le poids du monde à porter sur ses épaules et les yeux étincelants d'avoir la chance de vieillir malgré tous ces maux, ce jeune homme qui portait dans son étuis à guitare tous ses états d'âme et ses confessions les plus secrètes, cette femme à l'allure plutôt campagnarde, et dont la valise lourde de souvenirs ne semblait pas la décourager pour autant. Un coquin est resté accroché à ses lèvres et lui faisait esquisser un sourire rêveur.

Je suis toujours resté assis à cette table, regardant tous ces acteurs s'agiter sur la scène du grand théâtre de la vie.

Puis elle est arrivée. Elle est sortie des coulisses sans que je m'y attende. Elle s'est plantée là, au milieu, en rôle principal parmi tous ces figurants. Pour la première fois, j'aurais voulu me lever de cette chaise, aller la rejoindre. Mais sa beauté me terrifiait. J'étais le public, elle était l'artiste. Je ne bougeais pas, de peur qu'elle me remarque, je ne voulais pas la perturber dans ce rôle qu'elle interprétait à la perfection. J'avais l'impression que la gare était enrobée d'un silence sourd, et que tout le monde pouvait entendre les battements de mon coeur, comme un bombardement sur la ville. Mes yeux ne pouvait plus se détourner de ce spectacle bouleversant. Je n'avais encore jamais rien vu de tel. Et comme dans un film américain, je la regardais s'éloigner prendre son train, sans pouvoir ni bouger, ni crier. Sans pouvoir la retenir.

Souvent je suis revenu m'asseoir à cette même table, à la même heure, et souvent, elle est repassée devant moi, avec la même élégance, ce mystère impénétrable qui la rendait fascinante. Je retenais presque mon souffle lorsqu'elle passait, de peur qu'elle puisse m'entendre, peut être. Je ne voulais en aucun cas perturber l'équilibre de la nature, de la vie. Si nos destins devaient se croiser, alors ils se croiseront, sans que ce soit un accident.

Elle passait, je l'admirais, et la regardais partir.

Alors je restais là, assis à cette table, et je plongeais alors dans ce gouffre de pensées orné de cette imagination qui me surprenait parfois.

Je me plaisais à lui imaginer une vie, une famille, des amis, un caractère. Qui pouvait elle partir rejoindre ? Pour quoi faire ? Était-elle mariée ? Des enfants ? Ou célibataire, croquant la vie à pleine dents, amoureuse des voyages ? Qu'aimait-elle ? Aimait-elle faire la cuisine ? Regarder des vieux films le dimanche soir ? Quel était le son de sa voix ? Et son rire ? Aimait-elle regarder les étoiles ? Tenait-elle un journal intime, dont les pages se noircissaient jours après jours des pensées de son coeur ? Était-elle heureuse ? Buvait-elle du café, du thé ? Fumait-elle après l'amour ? Où est-ce qu'elle s'endormait paisiblement, un fin sourire aux lèvres ? La couleur de ses yeux changeait elle avec le soleil ?

Tant de questions futiles dans ma tête, m'encombraient minutes après minutes. Mais je prenais tout de même beaucoup de plaisir à lui imaginer une vie, un peu comme celle que j'aimerais avoir, comme celle que j'aurais aimé avoir, comme celle que je n'aurai pas... Se lever chaque matin au côté de la femme qu'on aime, savoir qu'on ne sera pas complètement heureux avant qu'elle ai posé son regard sur nous, se sentir timide dès qu'elle nous sourit, alors que ce n'est pas dans notre habitude, et tout faire pour la combler. Ne pas la servir au début et la délaisser au fils du temps, non, l'aimer toujours aussi fort. Penser chaque jour qu'on est arrivé à l'apogée de notre amour pour elle, et découvrir chaque matin que finalement on l'aime un peu plus encore. La regarder dormir, toute la nuit, veiller sur elle et être cette épaule sur laquelle elle pourrait se reposer si elle en avait besoin. Être prêt à tout pour elle, à risque sa vie, à donner son temps, et tout ça, sans rien attendre en retour. Aimer, c'est pour la vie, c'est ne jamais cessé, quoi qu'il arrive, et c'est savoir rester à sa place, pour qu'elle soit heureuse…

Une pensée étrange me traversa l'esprit. Je n'y fis pas tout de suite attention, car elle me semblait des plus délirantes, complètement idiote, absurde ! Mais sûrement tellement vraie...

 

 

 

Cette admiration que j'avais pour elle jours après jours, semaines après semaines, mois après mois, et années après années, cette éblouissement c'était transformée en amour. Est-ce que je l'aimais ? Je ne la connaissais pas... Mais en même temps, j'avais pu remarquer chez elle cents petites manies, petites expressions, que même ses proches ne verront jamais. Je l'avais observée en silence, et je connaissais beaucoup d'elle, à présent. J'apprenais que les mots n'étaient pas utiles pour connaître une personne. Il suffisait de savoir regarder.

 

Il me semblait tellement ridicule de pouvoir admettre que je l'aimais... Ou le pire, était peut être que je m'en étais rendu compte aussi tardivement, alors qu'au fond je le savais bien : je l'avais aimée depuis toujours, depuis la première où mon regard s'était déposé sur elle.

Les années passaient, et chaque premier Lundi du mois, je venais m'asseoir à cette table, attendant de la voir passer. J'attendais son train avec elle, de loin. Je m'imaginais une conversation, alors que nous restions silencieux tous deux. Et pour rien au monde je n'aurais brisé ce silence.

Une fois elle s'est assise à la table juste à côté de la mienne. Il était un peu plus dur de l'observer de cet angle là, à cette distance. Parce qu'elle ne pouvait que me remarquer. Et ce n'était pas ce que je souhaitais. J'étais bien, là, ces Lundis, à la regarder, à apprendre à la connaître, caché dans son ignorance.

Évidemment, quelques fois, je tournais la tête pour la regarder. Et c'est lors de ces moments là que je pu scruter son visage dans les moindre détails, comme il ne me l'avait encore jamais été permis jusque là.

Sa peau était lisse, elle semblait douce comme de la soie. Elle devait sûrement en prendre très soin, en y appliquant peut être une dizaine de crèmes. Son nez, un peu busqué, faisait tout son charme. Elle n'avait pas suivit la mode d'aujourd'hui des « petits nez retroussés » et c'était tant mieux, parce qu'elle aurait beaucoup perdu, à changer de nez... Ses yeux étaient légèrement en amande, d'une couleur unique que je ne saurais décrire, mais pourrais vulgairement appeler un « bleu-vert » magnifique. Et j'imaginais de petites tâches jaunes incrustées par endroits dans son iris. De longs cils ornaient ces magnifiques joyaux. Sa bouche, pulpeuse, avait une couleur rose naturelle, et la légère touche de gloss leur donnait un aspect sucré. J'aurais eu envie d'y goûter. Ses longs cheveux bruns étaient attachés à l'aide une grosse pince. Et quelques mèches rebelles s'en étaient échappées et tombaient autour de son visage. Je ne sais pas si elle était vraiment belle, mais son charme me prit tout entier, à l'intérieur, me remua comme une tempête, une tornade, et mon coeur s'emballait toujours plus. Cataclysme. Je ne pouvait plus détourner mon regard de cette femme qui sans le savoir, dirigeait ma vie, mes faits et gestes, depuis bientôt deux ans. Elle m'offrit le privilège d'observer ses mains, lorsqu'elle saisit sa tasse de café. Et ses longs doigts fins, d'une élégance rare, ne demandaient qu'à être réchauffés. Son parfum glissait jusqu'à moi, et je souris tant il était doux et lui allait bien.

J'aurais tout donné pour être cette petite fumée grise, soufflée par sa bouche, pour être cette tasse ou ce café chaud, afin de goûter à ses lèvres, ce mascara, pour me cacher entre ses cils, cette pince, pour m'enfouir dans sa chevelure. J'aurais aimé être ce serveur, pour qu'elle m'adresse juste un regard, m'offre juste un sourire. A moi, à et personne d'autre que moi. Mais j'étais à côté, à quelque mètres, et malheureusement, son regard ne s'étendait pas jusque là. J'étais en dehors de sa bulle, comme tous les autres, comme le Monde entier, pour elle, sûrement. Oui, j'étais tout le monde. Ou plutôt, je n'étais personne... 

Deux année étaient passées encore. Deux anniversaires, deux Noël, deux jours de l'an, deux étés, deux automnes, deux hivers, deux printemps. Et rien n'avait changé, entre elle et moi. J'étais toujours tapi dans l'ombre, dans ce hall de gare, confondu à la foule qui emplissait les lieux, et Elle, elle était toujours là, avec sa présence, jouant son rôle, sur la scène de la vie. Et partait toujours le premier Lundi du mois, à la même heure, dans le même train,et je suis intimement persuadé, qu'elle s'asseyait à la même place.

Après quatre années passées à la regarder, à l'aimer en silence, je voulu faire du bruit. Je voulais exister pour elle, comme elle, elle existait pour moi. Peut être pas de la même façon, parce que nul ne pourrait aimer au point auquel je l'aimais. Mais je voulais capter son intention, une seconde, une demie seconde, exister à travers son regard juste un instant, c'est tout ce que je demandais. J'élaborais un plan, jours après jours, attendant qu'elle revienne, puis qu'elle reparte, encore, comme toujours. Et finalement, je voulu plus. Plus qu'un regard, plus qu'un sourire. Je voulais qu'elle se souvienne de moi, je voulais la marquer, faire quelque chose que personne ne lui avait encore jamais fait. J'étais décidé à aller lui dire que je l'aimais. Oui, sans rien ajouter, je voulais juste lui dire que je l'aimais. Lui raconter toutes ces années où je l'ai aimée n'aurait servi à rien, peut-être n'aurait elle pas même voulu m'écouter, ou savoir... elle ne me connaissais pas après tout. Mais je voulais l'approcher, plonger dans son regard et lui offrir mes mots. Les seuls que j'aurais prononcés depuis toutes ces années passées à attendre. Attendre quoi... ?...Attendre, tout simplement. J'aurais été capable de lui apporter mon coeur dans une boîte pour qu'elle le garde quelque part, ou juste pour lui dire qu'il lui appartenait.

Je serai alors allé, le premier Lundi du mois, m'asseoir à cette même table. Je savais bien que c'était la même, parce que ça faisait quatre ans que je la grattais avec ma petite cuillère, nerveux lorsqu'elle passait là.

Je l'aurais attendue, l'aurais suivie et, dans un élan du coeur, lui aurais dit « je vous aime ». Qu'elle le prenne bien ou mal, elle se serait souvenue de moi. Elle l'aurait peut être raconté à ses amis, à sa famille, à ses enfants... « Un homme s'est planté devant moi, à la gare, et il m'a dit qu'il m'aimait... Il m'a offert son coeur dans une boîte... ». Elle se souviendrait de moi pour toujours, et ça me suffirait bien.

Je suis arrivée à la gare ce Lundi là, celui du mois de Novembre. Il était encore très tôt, et je savais pourtant que son train arrivait vers 10h. Mais il fallait bien que je me prépare à lui dire ! Les tables du café n'étaient même pas encore sorties. Je regardais sur la grande horloge l'aiguille des secondes tourner sans s'arrêter. Le temps passait et mon coeur s'accélérait de plus en plus, bien que je faisais tout pour le calmer. J'avais son parfum dans la tête lorsque je fermais les yeux, puis son visage, ses yeux, son regard, son sourire, ses gestes, ses expressions... Je rouvris les yeux et il était l'heure. 

J'allai m'asseoir à cette table, toujours cette même table. Parfois je regardais celle d'à côté et je l'imaginais là, prenant son café, comme cette fois là, et ignorant toujours la vie autour d'elle.

La grande horloge marquait 10h. Et la voix annonça l'arrivée de son train. Je regardais chaque voyageur descendre, encombrés de grosses valises, un sourire aux lèvres d'être enfin arrivés. Mais tout ça m'était égal, j'essayais de la repérer dans la foule, de ne pas la rater, je savais qu'elle était toujours dans les derniers à descendre... J'observais chaque visage, chaque silhouette. Je l'aurais reconnue entre milles.

J'étais là, assis à cette table, plein d'allant, le coeur battant, et je l'attendais. J'aurais pu attendre longtemps. Très longtemps... ! Milles ans ! Cent ans. Cinquante ans. Vingt ans. Dix ans... Huit ans.

Les mots aux bord des lèvres, ce « Je vous aime » me brûlant le coeur, je suis là, assis à cette table, et j'attends

 

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