"Bon. Qu'est ce que tu veux ? Je ne peux rien te refuser..."
"Rien, tu es sûre ?"
"Oui. Enfin, je pense..."
"Bon, alors, que serais-tu prête à faire pour moi ?"
"La chose la pus folle ?"
"La chose la plus folle."
"Décrocher la Lune ça compte, ou c'est trop cliché... ?"
"Heu... ça passe mais bon, question originalité tu peux mieux faire."
"Okay, bon, alors heu... tout simplement, je serais prête à Tout.
"Tout ?"
"Tout."
"Alors ce que je vais te demander ne représente qu'un infime grain de sable caché sur une immense plage."
"C'est quoi ?"
"Une plage ?"
"Non, ce que tu veux me demander !"
"Eh bien... je voudrais te lire."
"Me lire ?"
"Te lire."
"Mais tu m'as déjà lue...: mon coeur, parfois, même si je ferme souvent ce manuscrit là pour que le vent n'en déchire pas les pages, si fragiles et si fines. Puis mes pensées. Mes lettres. Mes Pacotilles. Mais tu sais à quel point c'est important de cultiver un jardin secret, un parc mystérieux... Que voudrais-tu avoir à lire de plus ?"
"Je sais tout ça. Je sais que l'on ne connaît jamais vraiment quelqu'un, que le plus souvent on le devine. Et ça me suffit. Mais j'aimerais lire, savoir, ces écrits où les mots me sont associés. Ces cris, quelqu'ils puissent être, ces cris du coeur, sur moi. Ces choses encrées sur des feuilles blanches ou à carreaux, pliées, déchirées... Toute ces choses que tu n'oses pas me dire."
"Tu sais ce que je pense."
"Oui, mais je m'en fiche, de ce que tu penses. Ce n'est pas ce que je voudrais savoir aujourd'hui. J'aimerais savoir ce que tu as pensé à ce moment là, celui où tu as eu le courage de te livrer à ta feuille blanche, comment tu l'as pensé, avec quels mots ? Quelle ponctuation ? Questions ou suspensions ? Et ton écriture ? Est-elle illisible ? Etais-tu touchée entièrement jusqu'à la pointe de ton stylo, tremblante, ou précipitée ? Ou est-ce propre, clair, soigné comme pouvaient l'être tes pensées et tes émotions ? C'est tout ça que je voudrais savoir."
"Pourquoi ?"
"Je ne sais pas. J'aurais l'impression de mieux te connaître. D'être Celle qui a mis un pied dans l'ombre, avec toi."
"L'impression, comme tu dis... Mais tu as aussi un peu raison. En te risquant à avancer dans l'ombre à mes côtés tu connaîtrais de moi l'inconnu. Une part de cet inconnu. Mais si je prends tant de soin à cacher certaines choses, c'est peut être pour ne pas que tu les vois. Peut-être, oui, parce que je n'ose pas les afficher au grand jour... parce que je n'ose pas te les dire."
"Laisse moi les lire."
"Pas tout de suite. Laisse le temps à mes silences d'assumer."
"Assumer quoi ?"
"Cette découverte du coeur. De mes pensées les plus secrètes et les plus vils. Les vraies. Celles qui viennent du plus profond de mon Moi, et que parfois, j'ai le courage de faire vivre sur un bout de papier. Ou plutôt de faire survivre... Laisse les dormir encore un peu au fond de mes tiroirs.
Un jour, je te le promets, Elles seront à toi."