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Skies are blue...

Dimanche 29 novembre 2009 à 22:22

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Je suis rentrée. Seule. Le coeur lourd et les larmes au bord des yeux. La vue brouillée par la marée haute de ces perles d'émotions salées.
Je l'ai vue, elle ne s'est pas retournée lorsqu'elle est montée dans le train. Comme si c'était plus facile que de ne lâcher le regard qu'à la dernière seconde, forcée par la distance que prendrait le train. Je me suis retournée aussi, alors. Et j'ai marché le long du quai,  laissant un fragment de coeur errer quelque part sur les railles, peut être...
La nuit était tombée quand je suis sortie. Paris avait mis sont habit de fête, des lumières partout, et la Seine reflétant le spectacle.
Mon attention s'y attarda un instant. Le temps de me dire que c'était magnifique. Mais que ce n'était rien comparé à la même scène lorsqu'on est deux. Ce sentiment d'émerveillement est plus intense, ancré dans le plaisir de partager ce qu'on aime, ces moments privilégiés. Et moi, ce soir là, sur ce pont suspendu au dessus de la Seine, j'étais seule.
Je me suis remise en marche, sans pouvoir m'empêcher de penser à elle. Mon regard vide balayait le sol, et je marchais machinalement. Je connais le chemin par coeur, tant de fois je l'ai fait pour la voir arriver, tant de fois je l'ai fait pour la regarder repartir...
Les gens autour de moi n'existaient pas. Que des fantômes, des êtres invisibles. J'étais oppressée par le poids de cette absence. Aveuglée par un brouillard de souvenirs. Et étouffée par un parfum d'émotions bien trop fort.
Je me sentais vide sans elle. Tellement seule. Perdue dans un nuage de solitude.

La vie est belle, je le sais. Mais sans toi, elle n'a pas la même saveur. J'y décèle un goût amer, et fade. Après avoir mêlé mon existence à la tienne, après avoir connu ce qu'est un moment à tes côtés, après m'être approprié ta présence comme essentielle, mon ciel gris Parisien, dans lequel je trouvais toujours le moyen d'y entrevoir un peu de bleu parce que je savais qu'il était là, juste au dessus, me parait bien sombre et ténébreux à présent. La présence envahissante de ton absence me rend morose, si tu savais.

Je ne pouvais pas m'empêcher d'imaginer qu'on ne se revoit pas. Jamais. Que sur le quai de la gare, tout à l'heure, c'était peut être la dernière image que j'aurais d'elle. La vie est tellement pleine de surprise. Tellement imprévisible.
J'essayais alors de glacer cette dernière image d'elle dans ma mémoire. De l'immortaliser à jamais. La puissance à laquelle mon coeur battait dans ma poitrine. Cette vieille odeur de tabac mêlée à celle des sandwich' d'un peu plus loin. Cette brise glaciale qui nous rappelait la saison hivernale, la voix neutre de cette femme qui annonçait le départ des trains. Du train. Ces enfants qui nous regardaient nous quitter. Puis ses yeux, son regard, ses lèvres, sa bouche, son sourire, sa peau, le mouvement de ses cheveux dans le vent. Ses habits, son sac sur l'épaule.
Ce vide qui s'installait en nous. Nous étions encore là, mais déjà tellement loin l'une de l'autre. Cette boule, là, juste là, dans le ventre, qui s'installait doucement, et un peu plus haut dans la poitrine, comme le bruit d'un tissu qui se déchirait.

Comme si nous nous quittions pour toujours. Et dans nos yeux, pourtant, l'intime conviction que nous nous quitterions souvent "pour toujours".


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