Je me suis réveillée ce matin dans un froid de solitude à vous glacer le sang, à vous stopper le coeur. Je ne l'avais jamais ressentie aussi amer, la solitude. Ou pas la même amertume, plutôt.
Ils se sont engouffrés dans la voiture pour dévaler des autoroute et arriver, après de longues heures, au bord de la Mer -pour moi, la Mer, parfois, ce n'est plus qu'un mot, tant notre dernière rencontre date à de nombreux, très nombreux mois...- et se ressourcer, avant de trébucher sur une routine, quelques temps égarée mais bien vite retrouvée.
Et moi j'ai ouvert les yeux. Seule. Très seule.
Puis, j'ai songé -parce que je songe souvent à des "et si..."- je songe toujours, au fait qu'ils ne pourraient ne pas revenir. Jamais. Un voyage sans retour. Il n'en sera pas ainsi mais je ne peux m'empêcher d'y penser quand même.
Alors j'ai piétiné inéluctablement dans cet appartement fondant sous un lourd silence qui dégoulinait sur le bruit de ma seule respiration. Je songeais à ce vide qui pourrait demeurer ainsi, à tout jamais, sans jamais se remplir à nouveau malgré tous ceux qui le traverseraient. Je songeais à ces fantômes qui planeraient ici, imperceptiblement, dans l'ombre d'une vie restante, la mienne. Je songeais aussi à tous ces mots que je ne pourrais plus dire que dans le vent, et qui me seront renvoyés en pleine face avec la violence des regrets. On devrait toujours tout dire, on ne devrait jamais s'arrêter de parler, en fait, et aimer jusqu'à bout de force.
De toute manière, la force, il en reste toujours pour aimer les siens.
Puis ensuite, épuisée, assaillie et brûlée par les flammes hypothétiques les plus diaboliques, je fus sauvée par l'innocence d'une pensée heureuse.
"Mes parents -et mon frère-, ce sont mes parents, ils sont immortels. Je suis sure qu'ils reviendront tout bronzés...."